Eglantine tentait de son mieux de cacher sa fatigue, se disant que cela allait certainement passer avec le temps.
Mais voilà, le temps faisait son office, et ils seraient bientôt loin, ses vingts ans et sa jeunesse insouciante...
Elle qui d’accoutumée était si efficace, énergique, elle prenait à présent un temps peu raisonnable pour effectuer ses tâches...
Ayant peur que cet état de fatigue perpétuelle n'aie un trop gros impact sur sa santé physique et mentale, l'abbesse avait finalement mis sa fierté de côté pour aller se présenter à l'hôpital comtal.
Si on lui demandait ce qu'elle faisait là, elle n'aurait qu'a prétexter une visite de courtoisie. Ainsi, personne n'aurait à savoir qu'elle n'était point au mieux. Si les Réformés ou les BLEU apprenaient qu'elle était sujette à une fatigue chronique, nul doute qu'ils en profiteraient pour l'attaquer en place publique... Et si elle mettait cinq minutes à leur répondre, elle perdrait toute crédibilité.
Au moins était elle certaine que Dame Melian était une personne discrète, qui n'irait point raconter les problèmes de ses patients autour d'une chope en taverne.
L'abbesse s'assit dans l'antichambre, fixant le mur avec tristesse... La vie passait si vite... Il y avait tant de choses à faire... Que faisait-elle donc ici? Plusieurs fois, elle eut envie de partir... Mais elle resta là, à penser en silence... Pourquoi le Très-Haut lui imposait-il cette épreuve? Elle ne pouvait se permettre cela, tant de personnes comptaient sur elle... Ils seraient tant déçus en la voyant ici, assisse à regarder un mur. Une larme coula sur la joue de la future trentenaire, qui la chassa du revers de la main.