Discussion avec messire Philios

Venez, asseyez-vous ! dit-elle en lui indiquant un siège dans la grande salle aux murs couverts d'étagères, elles-mêmes remplies d'ouvrages et de parchemins.

Excusez-moi, je suis si heureuse, l'hospital Comtal est indubitablement l'institution Béarnaise qui souffre le plus d'un manque de vocation.

Alors racontez-moi, que vous a-t-on enseigné précisément en cette Université ?

Philios s'assit auprès de Melian, il lui sourit,

Et bien le cursus est divisé en 3 sessions de 12 semaines chacune.
La première semaine c'est toujours la semaine de présentation, ça permet à tout le monde d'arriver, de parler un peu de tout et de n'importe quoi.

Ensuite nous avons 5 cours sur deux semaines, la semaine paire le cours, la semaine impaire le devoir sur ce cours (du rp médical).
Et la semaine 12 que l'on nomme en début d'année "examen final", est en réalité une semaine de "rattrapage" pour ceux qui n'ont pas rendus tous les devoirs...

La première session donne la qualification d'infirmier, la deuxième de médecin, et la troisième de chirurgien.

Au programme de la première session : les maux divers, les maladies courantes, la préparation des remèdes (essentiellement des modes opératoires mais à la prochaine session je voudrais élargir un peu avec un peu plus de notions d'herboristerie), les plaies et sutures, et l'accouchement (avec en prime les superstitions qui vont avec... ).

Au programme de la deuxième session : ergotisme, peste, tuberculose, variole, lèpre.

Au programme de la troisième session : Différences entre barbier et chirurgien, Infection et amputation, trépanation et dissection, saignées et anesthésie et, maux de dents.

En fin de deuxième année j'avais postulé pour être assistant au cours de ma troisième session, j'ai donc pu enseigner en Med1, puis j'ai été titularisé pour la session qui est en train de se terminer... J'ai gardé le premier niveau. Et je suis prêt à rempiler pour martyriser... euh... pardon... pour enseigner à une nouvelle session de carabins dés le 1er Août...

En fin de deuxième session nous avons été quelques uns à "pousser" un peu pour que Belrupt se dote d'une salle de jeux... euh... je voulais dire d'une... Infirmerie...
Et je suis l'un des médecins de l'Infirmerie de Belrupt...

En parallèle pour compléter je me suis inscrits d'abord à la Guilde des Herboristes, que j'ai quitté rapidement pour rejoindre la Confrérie des Herboristes.
Je devrais bientôt être au grade d'Herboriste (novice, Apprenti, Compagnon, Herboriste, Maitre-Herboriste). En fait je devrais déjà y être depuis un moment mais je n'ai pas eu le temps de m'occuper de mon examen... Je suis -enfin- en train de le faire...

Voila, je crois que j'ai fait le tour...

La Ventoux écoutait avec attention.

Voilà qui est très bien ! Vous semblez avoir une préférence pour l'herboristerie semble-t-il.

Philios sourit,

Et bien l'essentiel de nos médications provient des plantes...

Une bonne connaissance en ce domaine me parait donc indispensable. L'herboristerie est, je pense, complémentaire à la Médecine pour pouvoir efficacement soigner les malades.

C'est effectivement la base des traitements et soins divers. Mais ma remarque visait plutost à savoir si vous souhaitiez en faire vostre spécialité.

En effet, vous pouvez faire le choix de vous orienter plutost vers l'herboristerie, ou bien vers la chirurgie par exemple, ou encore rester plus généraliste.

Voulez-vous boire quelque chose ? ajouta-t-elle finalement.

A vrai dire je n'y avais pas forcément pensé en tant que spécialité, tant elle me parait étroitement liée à notre capacité à soigner, pour moi l'herboristerie et la médecine ce sont... comment dire... un peu les deux faces d'une même pièce... indissociable l'une de l'autre... C'est pour cela que je ne la considérais pas forcément comme une "spécialité"...

Il réfléchit quelques instants,

Quant à la chirurgie, je n'ai encore jamais vraiment eu l'occasion de la pratiquer...

D'une certaine manière, je dirais que je ne sais pas encore vraiment si je finirais par me spécialiser dans un domaine ou un autre, pour l'instant je vais me contenter d'acquérir de l'expérience, peut-être un peu plus diversifiée que celle des bobos de l'Infirmerie de Belrupt

Je verrais plus tard pour éventuellement faire un choix...

Puis lorsque Mélian lui proposa à boire,
Non, je vous remercie Dame Mélian.

Mais vous même Dame, avez vous une spécialité ?

Je comprends parfaitement vostre poinct de vue. répondit-elle tout en se servant du jus de fruits.

Je n'ai moi-mesme pas fais le choix de la spécialisation.

Mon métier, je l'ai appris principalement sur le champ de bataille. Et dans de telles circonstances, la polyvalence n'est ni plus ni moins que la condition sine qua non de la survie des soldats blessés qui arrivent.

Je suis donc un peu tout, herboriste, apothicaire, chirurgien, médecin, matrone aussi.

Je crois, tout comme vous, que tous ces aspects sont en faict indissociables les uns des autres, et ce d'autant plus que les médecins sont rares.

Si une femme demande de l'aide pour la mise au monde de son enfant, vais-je la renvoyer parce que je n'ai pas d'accoucheuse dans l'hospital ? Et pour une personne qui a une gangrène, dois-je lui dire de patienter le temps que je trouve un chirurgien pour l'amputer, tandis que son sang s'empoisonne et le tue ?

Je préfère estre capable de répondre au maximum aux besoins des patients. Mais ma foy, ce n'est pas toujours ainsi que raisonnent les gens, d'où ma question.

Elle marqua une pause et but une gorgée de jus avant de reprendre.

Il y a beaucoup à faire en cet hospital pour qu'il soit pleinement opérationnel, je ne vous le cacherais pas. Est-ce vous prest à y participer ?

Oui je suis d'accord avec vous, nous ne sommes pas suffisament nombreux pour "choisir" nos patients... Il nous faut donc tout savoir faire...

Et même si je suis moi-même un homme, lorsque j'enseigne l'accouchement à mes élèves, je leurs dis toujours que nous devons être considérés comme des Médecins avant d'être condidérés comme des Hommes... Et que de toute façon il y aura toujours des cas où une future mère, aura à choisir entre se débrouiller seule, ou faire confiance à UN médecin...

Philios sourit à Dame Mélian,

Et pour ce qui est de démarrer et bien oui j'y suis prêt...

Melian fit un peu la moue en entendant son collègue.

Eh bien en faict, ce n'est pas si aisé dans les faicts je dirais.

Les époux voire les femmes elles-mesmes préfèrent parfois aller voir la rebouteuse du village plutost que de faire appel à un médecin homme.

Il arrive aussi que les membres de la noblesse ne souhaitent qu'une matrone noble elle aussi, et poinct roturière. C'est chose rare mais c'est du vécu pour le second cas, donc cela puis arriver.

Mouis m'enfin bon faut qu'en même que les exigences soient réalistes....

Ils auront pas toujours le choix... et il restera toujours des cas où il n'y aura pas d'autres alternatives qu'un homme, médecin de son état...

Non ?

Maintenant il est vrai que si d'autres solutions il y a je ne m'inposerais pas non plus pour à tout prix être l'accoucheur....

Philios soupire...
En même temps si la future mère en est là aujourd'hui, c'est qu'il y a bien du y avoir des moments où elle était moins regardante sur la présence d'un homme...

Melian retint un éclat de rire à la dernière remarque, et reprit son sérieux.

Estre médecin, c'est aussi savoir connaistre ses patients, leurs attentes, leurs besoins. Et parfois, tout cela ne va pas dans le bon sens pour ce qui est de la bonne santé desdicts patients.

Il faut donc savoir leur parler pour leur faire comprendre où est leur intérest, et ensuite eh bien ma foy la décision finale leur revient, mais au moins ils le font en pleine connaissance de cause.

Philios lui sourit,

Je suis tout à fait d'accord avec vous Dame Mélian, il nous faut être capable de leur expliquer et de leur faire comprendre ce qui est le mieux pour eux...

Même si cela est parfois loin d'être évident...

C'est certain ! répondit-elle en riant.

Mais le tout est de faire de nostre mieux pour leur démontrer que nous ne leur voulons aucun mal, bien au contraire.

Avez-vous eu des patients à traiter déjà ?

Oui à l'infirmerie de Belrupt, j'ai eu à m'occuper de :

- une jeune fille avec ses premières menstrues qu'il a surtout fallut rassurer...

- une de mes collègues de médecine dont la blessure c'était réouverte et qu'il a fallut resuturer, en plus elle revivait la scène dés qu'elle fermait les yeux, j'ai donc du la sédater quelque nuits pour lui permettre de récupérer, et pour que sa blessure guérisse.

- une ou deux grippes,

- une nouvelle qui avait des crampes d'estomac liées à l'angoisse due aux changements occasionnés par la rentrée de Belrupt (nouveau lieu, nouvelle "vie", etc...)

- une blessure à l'arrière du crane, mais pas trop profonde, je n'ai pas suturé.

- un début d'angine,

- et une jeune femme qui passait une bonne partie de ses nuits à bouquiner pour en apprendre davantage... et qui était complètement épuisée (aménorrhée).

C'est pas énorme, mais je ne suis pas le seul médecin... c'est le bilan de 6 mois d'infirmerie à Belrupt...
Et c'est plus de la bobologie que des vrais cas...

Et c'est le plus souvent à de tels cas que nous recevons. répondit-elle en souriant.

Pour les cas plus graves, nous nous en occuperons ensemble si vous voulez, ainsi vous pourrez apprendre et essayer. Cela vous convient-il ?

C'est parfait.

Il lui sourit.

Et ma foy pour les cas bénins, c'est le premier de nous qui sera présent qui s'en occupera, je pense que c'est le plus simple. ajouta-t-elle.

Si cela vous intéresse, nous avons deux livres en bibliothèque rédigés par feue la Duchesse Nennya, qui était la rectrice de l'Hostel Dieu de Paris, et qui les offrit à l'Hospital Comtal. Peut-estre en aurons-nous d'autres. Vous pourriez y apprendre des choses intéressantes je pense.

Il sourit à Melian,
Cela me convient tout à fait.

Et je vais aller jeter un coup d'oeil à ces ouvrages.
J'ai un peu connu Nennya, elle s'était inscrite à Belrupt en Théologie, et elle était dans la Maison dont je suis responsable, les Quatrevents. Jusqu'à ce que... le tragique accident qui a dévasté l'Hostel Dieu ne l'emporte...

Les yeux de la Ventoux s'emplirent de tristesse à l'évocation de la disparition de cette femme qui était pour elle comme une amie depuis leur rencontre dans ce même Hospital.

C'est une perte terrible pour la médecine, mais aussi pour l'ensemble de la communauté. C'était une personne merveilleuse, si pleine de vie et dévouée...

Philios prit la main de Mélian,
Ca va aller ?

Oui c'était quelqu'un de formidable.
Et même si elle encore bien jeune je pense que la petite hélène sera tout aussi dévouée que sa mère.

Melian reprit le sourire.

Oui ça va aller je vous remercie. J'ai grande peine à cette perte, mais ce n'est rien comparé à ce que doit éprouver sa famille.

Je suis certaine également que cette demoiselle sera d'un grand secours, mesme si elle en doute pour l'instant. La joie de vivre peut estre très importante dans un lieu tel que celui-ci.

Elle soupira de ce moment d'égarement dans ses misères.

Mais dictes-moi donc, avez-vous des questions particulières ?

Euh... non je ne pense pas avoir de questions.

Je vais un peu faire le tour de l'Hospital. Regarder un peu de tout les cotés...

Il lui sourit,

Et... attendre le prochain patient....

Parfait, si vous avez des questions, des remarques ou des suggestions pour améliorer le fonctionnement de l'Hospital, n'hésitez pas surtout !

Philios remercia Melian, et partit explorer un peu tout les coins et recoins de l'Hospital Comtal afin de se familiariser avec les lieux.

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